Ce moment où je t'ai vu... Teyssa & Giuliano

Aujourd’hui nous sommes vendredi, et bien entendu ce soir je suis de service dans la plus grande discothèque de Paris.  Il est 21h et il ne reste plus beaucoup de temps devant. Ni une, ni deux, j’englouti le dernier morceau de sandwich et je file dans la salle de bain me préparer. J’enfile un body et un slim noir, je souligne mes yeux verts d’un trait de crayon, un dernier coup dans les cheveux et me voilà enfin prête.

A mon arrivée, la boite est encore vide. Seuls, mes collègues circulent dans les locaux. Je prends 5 minutes pour tous les saluer avant de me poster derrière le bar. Ce soir est une grosse soirée à thème et avec toute la pub qu’il y a eu de faite, il devrait y avoir beaucoup de monde. La soirée « Célibataires ». Peut-être que ce soir je rencontrerai un beau jeune homme !  Je prends trois sauts pour y mettre des bracelets phosphorescents et les dépose sur le comptoir. Les bleus pour les célibataires, les rouges pour les couples et les jaunes pour les libertins. Pour me mettre dans le thème de la soirée, je prends deux bracelets bleus et les attache aux poignets.

23h30, le Dj lance la musique, la boite va bientôt ouvrir ses portes. Il peaufine les derniers réglages de la sono et vérifie que tous les spots lumineux fonctionnent. Les agents de sécurité se postent à l’entrée et commencent à faire entrer les clients. Derrière mon bar, commence également à prendre les premières commandes. La boite se rempli de plus en plus, la musique résonne, les gens se mettent à danser, c’est une ambiance de folie.

La boite est pleine à craquer, tout le monde danse, tout le monde s’amuse. Et alors que je continuais à servir les clients, une étrange apparition me remit les pieds sur terre. Ce visage et ce regard ne me sont pas inconnus. Je dégluti, mon sang ne fait qu’un tour et en reconnaissant Giuliano mon corps se fige. Je fais mine de ne pas avoir entendu sa remarque mais sur le coup je sens la colère et la honte en moi. Tout en lui servant son verre de vodka, je lui réponds. « Tout d’abord, je n’ai aucun compte à rendre à personne, ensuite pourquoi tu es venu ici, sur mon lieu de travail ?! Tu sais très bien pourquoi je suis partie, je ne pouvais pas la garder, je ne suis pas faite pour être maman ! »  

Je soulève la tête et remarque que mes collègues du bar me regardent. Je fusille Giuliano du regard. Il comprend très vite que je me sentais mal à l’aise et décide de m’emmener dans le patio pour être plus au calme. « Pourquoi est-ce que tu ne veux pas me laisser tranquille ? Si je n’ai pas répondu, tu ne te dit pas qu’il y avait une raison ?! » Submergée, je m’effondre.  

Je comprenais la détresse de Giuliano, mais mon passé m'effrayait. Rien que de penser une seconde aux questions que ma fille allait me poser, j'angoissais. " Je sais pas si je suis prête à faire ça. " Le bel italien me connaissait mieux que personne et savais exactement comment me faire céder. Il savait qu'en s'énervant il me ferait fuir et je voyais sur son visage qu'il gardait son sang froid.

Au fond j'étais quand même heureuse de le voir, ça faisait si longtemps. Une part de moi se sentait soulagée de sa présence. Très vite les sentiments refont surface mais je ne pouvais pas me permettre de le prendre dans mes bras comme on avait l'habitude de faire.

Dépité par ma réponse, Giuliano baisse la tête et fixe son verre. Il avait fait tout ce chemin pour me retrouver, il devait être déçu de ma réaction. Je prends le temps de réfléchir une minute et me penche sur lui. " Je ne te promet rien, laisse moi le temps d'y réfléchir et de me préparer mentalement à surmonter ça." De voir Giu dans cet état me faisait culpabiliser. " Je suis quand même contente que tu sois là."